dimanche 1 décembre 2013

Une part de ciel de Claudie Gallay


"Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n’est pas la sienne. Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pourvoyeur de souvenirs, lebeau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse… Dans le gîte qu’elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l’artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n’a rien d’évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d’enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s’écoule, le froid s’installe, la neige arrive… Curtil sera-t-il là pour Noël ?
Avec une attention aussi intense que bienveillante, Claudie Gallay déchiffre les non-dits du lien familial et éclaire la part d’absolu que chacun porte en soi. Pénétrant comme une brume, doux comme un soleil d’hiver et imprévisible comme un lac gelé, Une part de ciel est un roman d’atmosphère à la tendresse fraternelle qui bâtit tranquillement, sur des mémoires apaisées, de possibles futurs."
[Résumé éditeur]

Cela fait quelques années maintenant que Claudie Gallay fait partie de mes valeurs sûres. J'avais adoré son Dans l'or du temps (★)... Elle avait essayé de me perdre au milieu de ses Déferlantes (★★★☆☆) et au final, je ne l'en avais aimée que davantage. J'avais été étonné de découvrir que ces deux histoires si différentes avaient été rédigées par la même main ! En tenant mon exemplaire d'Une part de ciel sympathiquement offert par Price Minister pour ses matchs de la rentrée littéraire, je ne savais pas encore quelle Claudie Gallay j'allais retrouver et, je ne savais pas laquelle j´avais plus envie de lire !
Très vite, le ton est donné : c'est l'ambiance des Déferlantes que l'on retrouve. Bien que le contexte géographique soit différent, l'histoire est la même : une femme, plus toute jeune mais pas encore d'âge mur, arrive dans un lieu. Elle est seule, elle vient d'être quittée et sa vie semble arriver a un tournant. Les Déferlantes se situait en Bretagne, une part de ciel est dans les alpes... Il y a une diagonale entre ces deux décors et pourtant ! J'ai eu la sensation que c'était les mêmes endroits, les mêmes gens. Les vagues sont remplacées par les feuilles des arbres, les oiseaux marins par les écureuils. Claudie Gallay est une reine des atmosphères. Elle décrit chaque petites choses, chaque petit geste du quotidien, chaque petit tour de cuillère dans un café crème accoudé au zinc, chaque petit flocon de neige qui se pose doucement sur une branche de chêne. Alors oui, c'est long. C'est même très long. 400 et quelques pages de détails accumulés jusqu'à former des pans de vie, des liens entre les personnages, des questionnements incessants sur la place que chacun d'eux semble occuper dans leurs histoires communes. "Et si ?"... "Et est-ce que tu crois que...?" La narration est construite au jour le jour, comme un journal intime oral. Carole raconte :
"Lundi 3 décembre
On était trois semaines avant Noël. J'étais arrivée au Val par le seul train possible, celui de onze heures. Tous les autres arrêts avaient été supprimés. Pour gagner quelques minutes au bout,  m'avait-on dit.
C'était où le bout ? C'était quoi ?
Le train a passé le pont, a ralenti dans la courbe. Il a longé le chenil. Je me suis plaqué le front à la vitre, j'ai aperçu les grillages, les niches, les chiens. Plus loin, la scierie sombre et la route droite.
Le bungalow de Gaby, la boutique à Sam, les boîtes aux lettres sur des piquets, le garage avec les deux pompes et le bar à Francky.
On avait bâti des maisons tristes cent mètres après la petite école. Les stations de ski étaient plus haut, sur d'autres versants.
J'ai pris ma valise. Je l'ai tirée jusqu'à la porte."
Bienvenue au Val.

L´attente.
On attend avec Carole et les siens. L'attente est longue et pesante. Lorsque nous Lecteur, tournons les pages les unes après les autres, c'est usant. Mais c'est aussi la force de l'écriture de Gallay. Je n'ai pas encore fini ce livre, je vais donc retourner y attendre Curtil moi aussi. Que vient-il annoncer ? Quelles seront les révélations finales ? Je pense d'ores et déjà deviner que ce n'est pas là que ce situe la clé de l'histoire.
Tout comme les enfants et Noël, elle est dans le pouvoir de savoir savourer l'attente.

[Crédit photo : Alpes d'automne, de Christophe Sertelet via flickr.com]

vendredi 11 octobre 2013

Têtes de Maures : Corse, 1931 de Didier Daeninckx

Corse, août 1931. François Caviglioli, "bandit d'honneur", fait irruption dans une petite station thermale pour prélever son tribut. L'affaire tourne mal et se solde par plusieurs morts. La panique s'empare de l'île, chassant touristes et curistes que des caïds rivaux se sont fait une spécialité de rançonner. L'occasion  pour le ministre de l'Intérieur, Pierre Laval, de mettre sur pied une expédition militaire d'une brutalité toute coloniale...
En quoi ces événements méconnus sont-ils reliés à la disparition de Lysia Dalersa, le 5 mai 2012, et à la mort de son frère, quelques semaines plus tôt, déchiqueté par la bombe qu'il destinait à une villa construite trop près des plages ?
Melvin Dahmani, petit escroc parisien qui fut l'amour d'été de Lysia, entreprend sa propre enquête. Mais les témoins sont rares ou tiennent à leur vie. Seuls indices : ceux que la jeune femme a laissés, un vieux cahier et deux têtes de poupées maures...
En Corse, dit le proverbe, "tout se fait, tout se sait, tout se tait". A moins de bien chercher...
[Résumé Editeur, chez L'Archipel, coll. Suspense, impr. 2013, isbn : 978.2.8098.9.1304]
Ah mon boucher me l'avait vendue, cette histoire ! Il m'avait dit : "seul un Corse, à la rigueur un Méditerranéen, peut comprendre cette histoire, vraiment la comprendre". Je ne sais pas si les Bretons ou les Chtits ne pourraient vraiment pas non plus en prendre la pleine mesure... mais pour ce qui est de mon cas, Jean-Paul avait visé plutôt juste. 
La Vendetta, ici ça fait partie des moeurs. D'ailleurs, rien que l’étymologie de ce mot est parlante : il vient du latin, passe par le corse, re-passe par l'italien avant d'être francisé. 

Beaucoup de choses m'ont plu dans ce roman de Daeninckx, mais surtout je pense, parce qu'elles résonnaient en moi comme des histoires familières. Les noms des personnages, des villes et villages, leurs descriptions... Cette ambiance lourde, palpable, cette sensation d'être surveillé.
Je l'ai lu en une petite semaine tranquillement... Une bouffée d'air après le Pulkkinen !!
Je regrette  peut-être juste un peu de m'être parfois sentie perdue... Entre les différentes histoires de vengeance (il faut dire que la vendetta, ça n'a pas de limite de temps... Parfois les coups pleuvent un jour après l'autre, et et parfois, il se passe des années...), il m'est arrivé d'avoir du mal à retracer le contexte !

Voici les deux extraits que j'ai jugé les plus parlants, sur la Corse, et sur la vendetta.
"Ecoutez, Melvin, une île au soleil, ça ne fait rêver que les continentaux. En vérité, c'est comme un bateau : on s'y emmerde tellement qu'on fait exprès de se croiser le plus souvent possible pour croire qu'il y a du monde." p. 161
"Refuser l'héritage du sang, c'est pire qu'un bannissement. Celui qui s'y risque, celui qui pardonne, est considéré comme un traître, un lâche. La société entière le tient dans le mépris, il devient la honte des siens, on dit qu'il piétine les ossements de ses aïeux tout autant qu'il déshonore sa propre prospérité. Aucune femme n'accepte plus de lui donner l'asile de son ventre, ses enfants sont voués au malheur, à la mort indigne..." p. 199
Et maintenant, qu'est-ce que je vais lire ?

Aucune idée... Je n'ai pas encore eu le temps de me pencher sur la question !! J'attends le livre que doit m'envoyer Price Minister pour participer aux Matchs de la Rentrée Littéraire 2013... J'ai peur de commencer un livre et de devoir l'interrompre... J'ai embarqué Océan Mer de Baricco que j'ai dans ma bibliothèque depuis des années sans l'avoir jamais ouvert... On verra s'il me tente !


[Crédit photo : "NONZA, petit village corse", de cremona daniel, via flickr.com]

jeudi 3 octobre 2013

L'Armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen


Elsa, la grand-mère d'Anna, est atteinte d'un cancer foudroyant. Entourée de ses proches, elle compte bien profiter de chaque instant, de chaque plaisir, jusqu'au bout : les rayons du soleil, les bains de mer, ou le corps de Martti, son mari depuis plus de cinquante ans, contre le sien. Mais Anna découvre que derrière ce mariage heureux se cache un drame qui a marqué à jamais tous les membres de sa famille. C'est une vieille robe oubliée dans une armoire, trouvée par hasard, qui va réveiller le passé...
[Résumé Editeur, chez Le Livre de Poche, impr. 2013, isbn : 978.2.253.17556.8]
Presque deux mois. Deux mois pour lire ce livre. Je m'y suis accrochée de toutes mes forces. Une fois de plus, j'avais repéré cette histoire dès sa sortie en grand format... Un secret de famille, tout ce que j'aime ! Dès la dernière page de mon livre précédent tournée, je suis allée me l'offrir en poche, et en ai entreprit la lecture séance tenante.

J'ai énormément apprécié l'écriture de Riikka Pulkkinen. J'ai lu ces 422 pages, un crayon à la main, et mon exemplaire s'est rempli de petits post-its. Elle a le don du mot juste, de la phrase qui reste suspendue dans les airs et qui attrape un de nos propres souvenirs pour venir se lover à lui.
Elle a su créer une atmosphère. J'adore les romans scandinaves pour ça, je ne sais pas si c'est seulement parce que cette contrée me paraît délicieusement exotique et attirante que ses descriptions font ainsi toujours mouche pour moi.
Pour ce qui est des personnages, c'est plus complexe. Tout d'abord, il faut se faire aux différents noms et surnoms des protagonistes féminins : Ella, Elsa, Eeva. Pulkkinen fait des allers-retours entre les années 60 et 2010, il faut donc au début, savoir de qui on parle. Il n'y a pas que leurs noms qui se ressemblent, au final, toutes ces femmes sont très semblables dans leurs actions et sentiments. Bien sûr, cela sert aussi à l'intrigue : Anna va découvrir l'histoire de sa grand-mère Elsa, et celle-ci va faire écho à la sienne.

A lire les critiques, je m'attendais vraiment à un roman époustouflant, en cela sur le coup, j'ai été déçue. D'abord, il m'a fallut énormément de temps pour entrer dans l'histoire, pour avoir envie d'en apprendre plus. Quel était-il, ce drame que la quatrième de couverture me promettait ? Rien n'est venu, l'histoire est celle du plus banal des adultères et de ses conséquences. Si la forme d'écriture est belle, j'en ai trouvé le fond très plat. Ce n'est que maintenant, que je suis en train de repenser à ces détails, aux strates de ces personnages que je me rends compte de la justesse  des scènes que j'ai pu lire.

Voici quelques uns des passages pointés avec mon crayon :
"Les vivants ne savent rien de la mort, mais celle-ci, avec sa discrète avancée, fait irruption dans leur quotidien. Le temps se ralentit, la réalité est bornée par les murs du chagrin entre lesquels le mourant et ceux qui l'accompagnent accomplissent leurs rituels fervents." p. 21
"Les relations entre les gens sont comme des bois touffus. Ou bien les gens eux-mêmes sont des forêts, les sentiers s'ouvrent en eux l'un après l'autre, chemins se demeurant mutuellement inconnus, ne débouchant que par hasard sur les voies qui conduisent au bon endroit." p. 37
"Il aurait voulu dire à Anna : installe ta demeure dans les jours d'insouciance. Ils sont un rêve, mais tu n'as pas encore besoin de te réveiller. Dix ans, puis tu te réveilleras, cinq années de plus et tu lutteras contre l'éveil, une dizaine encore et tu te contenteras de ce que tu as. [...] Tu observeras le monde à la manière d'un tableau, le temps, l'expérience du temps, lui dessineront un cadre, et tu en jouiras d'une autre manière qu'auparavant." p. 47
"J'avais déjà oublié la confiance que les enfants reçoivent en partage parce qu'ils ne connaissent rien d'autre : la foi, reçue en naissant, que tout ira bien. A une période de sa vie, on la perd un instant, inévitablement. Si l'on a de la chance, elle revient. Viennent des gens pour vous prendre dans leurs bras sous la couverture, dans des chambres à coucher, pour vous tendre la main par-dessus des tables, et avec eux vous réapprenez ce qu'il vous avait fallu perdre en même temps que l'enfance." p. 109
"Quelqu'un a inventé qu'il n'y a pas de paix sans amour, et l'a chuchoté à l'oreille d'un autre à un coin de rue. La conscience de tous s'élargira, le ciel s'élargira au-dessus du chemin des idées, la terre ne tremblera pas, mais les cœurs battront plus vite." p. 325
Je garde donc de ce roman de Riikka Pulkkinen, une impression mitigée. J'étais heureuse d'en venir à bout hier soir !
Et maintenant, je change totalement d'univers. Fini le merle noir qui chante sur les branches nues des arbres au bord du lac, et bonjour soleil aveuglant, et chant des cigales qui tentent de dissimuler avec peine le bruit des balles tirées au silencieux dans le maquis corse. J'entame Têtes de Maures : Corse, 1931, de Didier Daeninckx.

Pour la petite histoire, c'est mon boucher qui m'a prêté ce livre ! Je vis dans une assez grande ville, mais dans un de ces petits quartiers qui ressemblent encore à un village et où l'on aime aller chez ses commerçants de proximité. Mon boucher est une attraction à lui tout seul, poète et jongleur de mots. Il a installé dans sa boucherie, une étagère, où l'on peut prendre et poser des livres. Têtes de Maures, il venait de le finir, mais il ne voulait le prêter qu'à quelqu'un "d'ici", en mesure de comprendre les Corses. On verra bien si mon sang sera à la hauteur !

[crédit photo : Le musée Gallen-Kallela (Espoo, Finlande), de dalbera, via flickr.com]

jeudi 8 août 2013

Le deuil et l'oubli de John Harvey


"Eté 1995, Cornouailles. Malgré le temps incertain, Heather et Kelly partent se baigner. L'obscurité tombe, le brouillard s'épaissit et les deux adolescentes ne reviennent pas. Après une nuit de recherches, Kelly est retrouvée prostrée. Heather, elle, est morte. La thèse de l'accident est retenue, mais le doute continue de planer.
Quatorze ans plus tard, la mère de Heather a refait sa vie et a eu une autre fille, Beatrice.Elle croit avoir tourné la page quand Beatrice disparait à son tour, Will Grayson et Helen Walker sont chargés de l'enquête.
[Résumé Editeur, chez Rivages/Noir, impr. 2013, isbn : 978.2.7436.2525.2]
En retard, je suis toujours en retard... J'ai zappé quelques critiques de livres... Tant pis, je ne crois pas pouvoir rattraper le temps perdu...!

Aujourd'hui, c'est pleine de bonne volonté que je viens vous parler de ce petit polar qui m'est tombé entre les mains. Je viens tout juste de le finir, tranquillement allongée sur un transat en bord de mer...

J'avais trouvé la quatrième de couverture plutôt alléchante... Elle promettait un bon thriller pour accompagner mes soirées d'été ! Je m'attendais à un léger historique concernant le décès d'Heather, puis de rentrer tout de suite ou presque dans l'affaire Beatrice, mais non, le roman n'est pas du tout construit de la sorte. 

Divisé en plusieurs parties, nous allons d'abord faire la connaissance de la mère d'Heather, Ruth, "aujourd'hui". Puis des inspecteurs Grayson et Walker, qui font leur petite vie. On se retrouve ensuite en 1995, avec une Ruth totalement différente, un autre mari, une autre fille... Et le cas Heather se concrétise, avec un autre flic à la tête de l'enquête, un autre paysage. Il y a quelques allers-retours entre ces deux époques, avant qu'ENFIN, en quatrième partie... Les morceaux ne s'assemblent.
J'ai donc trouvé ça un peu longuet au départ, puis finalement... Quand enfin, cette histoire que j'attendais  a démarré, j'ai été happé. Je trouve que l'attente en valait la peine, Harvey a eu le temps de poser ses personnages, ses ambiances. Il a apporté un soin particulier à la retranscription des sentiments, la perte d'un enfant, comment envisager la vie ensuite... Je pense que c'est d'ailleurs ce qui a fait qu'à la lecture, je m'étais persuadée que l'auteur était une femme !

Voici les premières lignes :
"Ruth pose sa tasse, traverse la pièce et ouvre un tiroir.Le sol de la cuisine lui paraît droid, malgré ses chaussons.Février. A sept heures ce matin, quand elle était sortie la première fois, il faisait encore nuit. L'enveloppe se trouve toujours au même endroit, enfouie sous les vieilles factures d'électricité, les messages griffonnés par la femme de ménage qui vient le mardi et le jeudi et qu'elle n'a pas encore jetés, les recettes déchirées au hasard des magazines ; une enveloppe blanc cassé, autocollante, un peu abîmée aux coins."
Ma première rencontre avec John Harvey ! Après, est-ce que je veux absolument transformer l'essai ? Ni oui ni non... Si l'occasion se présente, sans soucis, surtout qu'il y a d'autres enquêtes de Grayson et Walker. Je m'étais attachée à ses deux personnages !

Et maintenant, quel est le progamme ? J'ai fort fort hâte d'entamer le fameux Armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen !
Affaire à suivre, donc !


[Crédit Photo : La Lande en Cornouailles, de Marie "Hamadryades", via Flickr.com]

dimanche 14 juillet 2013

Les Lisières d'Olivier Adam


Me voici très en retard dans la rédaction de mes petits avis de lecture...
Je n'ai toujours pas parlé de la Septième Vague, et plus le temps passe, plus mes souvenirs s'en étiolent...
Mais tant pis, aujourd'hui, je reprends les bonnes habitude avec le dernier Adam.

Ouuuh, je l'ai guetté, celui-ci, à sa sortie... J'ai hésité, à l'acheter. Maintes et maintes fois, je l'ai pris en mains, j'ai tiqué à la lecture de la quatrième de couverture, je l'ai reposé... Je crois qu'il n'y a pas à dire... Je trouve un livre de poche mille fois plus attirant qu'un livre grand format. C'est comme ça, ça ne s'explique pas ! Lorsque je suis tombée sur Les Lisières en version poche... Ni une ni deux, il était dans mon panier !

Parlons peu mais parlons bien, le résumé :
"Tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence : sa femme l'a quitté, ses enfants lui manquent, son frère l'envoie s'occuper de ses parents, son père ouvrier s'apprête à voter FN et le tsunami ravage le Japon, son pays de coeur. De retour dans la banlieue de son enfance, il n'aura d'autre choix que se tourner vers son passé pour comprendre le mal-être qui le ronge. Comment devient-on un inconnu aux yeux de ses proches ? Comment trouver sa place dans un monde devenu étranger ?"
[Résumé Editeur, chez J'ai Lu, impr. 2013, isbn : 978.2.290.06848.9]
Il devient connu que je surkiffe Olivier Adam. Il est "mon genre"... Un style fluide, des idées torturées, une envie de parler de notre société... Il met le doigt là où ça fait mal : je ne dis pas que cela sert "à quelque chose", mais personnellement... Ca me fait plaisir de lire quelqu'un qui souvent partage ma vision du monde.
J'avais adoré A l'abri de rien (), encore plus Des Vents contraires () qui pour moi reste une petite claque littéraire...
Quant aux Lisières...
Et bien, je l'ai bien aimé aussi ! Je lui mettrais une étoile de moins, peut-être...

Pourquoi ? Les deux autres romans que j'évoquais plus haut, étaient de longueur moyenne dirons-nous. Avec les Lisières, Adam signe un pavé de 500 pages très dense, notamment au niveau du rythme. Il n'était pas rare qu'une bonne dizaine de pages s'écoulent sans aucune respiration dans le texte, mis à part des points ou des virgules. Pas un saut de ligne, pas un alinéa, mais des blocs de mots, carrés, taillés au couteau. Le lecteur doit suivre l'auteur et son narrateur sans s'arrêter, il faut lui coller aux basques à ce Steiner, l'accompagner sur le chemin de ses pensées et de ses coups de gueule.
Parce qu'il y a ça aussi... Paul Steiner n'est pas un personnage très sympathique. Il est malade, habité par la Dépression. Et lorsque nous mêmes, nous nous sentons bien, et que nous tombons sur quelqu'un comme ça... Je crois qu'il est humain d'avoir parfois envie de lui secouer les puces (même si cela ne sert à rien, j'en conviens...).

Après, ce livre m'a beaucoup touchée personnellement. L'univers qu'Adam décrit me parle, notamment ses descriptions des petites villes de banlieues parisiennes et certains ressentis. J'ai lu ce livre avec un crayon à la main, des marques-pages, des post-its.
En voici quelques extraits :
"Dans les sanitaires des routiers se rasaient face aux grands miroirs, des commerciaux rajustaient leur cravate, une grosse femme noire récurait les chiottes, un instant je me suis demandé ce qui les faisait tenir tous. Se payer un toit, nourrir leurs gamins, pas beaucoup plus, ai-je pensé. L'amour des leurs. Quelques menus plaisirs arrachés à la grisaille. Rien d'autre." p. 37
"J'ai regardé autour de moi et j'aurais voulu que ça me quitte enfin, cette manie de voir partout des gens usés, quand ils ne l'étaient peut-être pas. Pas autant que je le pensais en tous cas. J'aurais voulu être capable de voir les choses autrement, de ne pas imaginer de failles même derrière les plus belles carapaces." p.40
"Je ne lui ai pas dit qu'au fond ce qu'il appelait <<chez lui>> n'était pas <<ici>> mais <<avant>>, dans sa jeunesse et que c'était bien le problème des vieux, qui rêvaient que leur pays redevienne celui qu'il était quand ils avaient vingt ans, comme si ça pouvait les leur rendre." p.136
"En dépit de tout ce que je pouvais en dire ou écrire, je n'étais plus d'ici. Et puisqu'il semblait acquis que je ne serais jamais non plus d'ailleurs, j'étais désormais condamné à errer au milieu de nulle part." p. 168
Un livre qui restera quelque part dans ma tête.

J'ai aussi Falaises d'Adam qui traîne quelque part... Il faudrait que je m'y remette... Mais pour l'heure, je suis sur un petit thriller dont je vous reparlerais tantôt !


Bonne lecture à tous !

[crédit photo : Benches, de Dynamosquito, via Flickr.com]

samedi 1 juin 2013

Et puis Paulette... de Barbara Constantine

Ferdinand vit seul dans sa ferme. Et ça ne le rend pas franchement joyeux. Un jour, il passe chez Marceline, sa voisine, et découvre que son toit est sur le point de s'effondrer. Très naturellement, ses petits-fils, les Lulus, lui suggèrent de l'inviter à la ferme. l'idée le fait sourire. Mais ce n'est pas si simple, certaines choses se font, d'autres pas... il finit tout de même par aller la chercher.
De fil en aiguille, la ferme va se remplir, s'agiter, recommencer à fonctionner. Un ami d'enfance devenu veuf, deux très vieilles dames affolées, des étudiants un peu paumés, un amour naissant, des animaux... Et puis, Paulette...
[Résumé Editeur, chez le Livre de Poche, impr. 2013, isbn : 978.2.253.16863.8]
Jusqu'à tout à l'heure, je pensais que c'était la première fois que je lisais Barbara Constantine, et en fait non. J'avais déjà lu Tom, tout petit Tom, tout petit homme, Tom, et j'en garde un joli souvenir ! L'histoire de Paulette, ça fait un moment que je la guette... Cette couverture mauve m'a bien souvent attirée pendant mes promenades dans les rayons de mes libraires préférés, sans pour autant jamais me pousser vraiment à sauter le pas. Et puis par la force des choses, le voici entre mes mains !

Alors bon, j'ai bien aimé, oui. Le style de Constantine, très "oralisé", franc et direct. Je regrette néanmoins un côté un peu lisse, comme si le lecteur ne pouvait jamais entrer tout à fait dans cette ferme, au milieu de ces drôles de colocataires. Et puis le thème, ces gens qui se retrouvent sous le même toit un peu par hasard, le prénom Paulette, la façon dont c'est écrit... Je n'ai fait que penser à Ensemble, c'est tout de Gavalda.
Donc, ça donnait un petit goût de réchauffé à tout ça, pour moi !

Voici le début :
"Le ventre bien calé contre le volant et le nez sur le pare-brise, Ferdinand se concentre sur sa conduite. L'aiguille du compteur collée sur le cinquante. Vitesse idéale. Non seulement il économise de l'essence, mais ça lui laisse le temps de regarder défiler le paysage, d'admirer le panorama. Et surtout, de s'arrêter à la moindre alerte, sans risquer l'accident.
Justement, un chien court, là, devant lui. réflexe. il écrase la pédale de frein. Crissement de pneus. Le gravier vole. Les amortisseurs couinent. La voiture tangue et finit par s'immobiliser au milieu de la route."
Maintenant, il faut que je me trouve autre chose...
En ce moment, la lecture, ce n'est pas la joie... Si j'arrive à lire cinq minutes chaque soir, c'est déjà un exploit !!! j'espère vite mettre la main sur un nouveau livre que je ne pourrais pas lâcher !

Crédit photo : Vielles fermes - old farms (Champagne, France), de Stéphane Mignon (Flikkesteph), via Flickr.com

vendredi 3 mai 2013

Cinquante nuances de Grey de EL James

"Lorsque Anastasia Steele, étudiante en littérature, interviewe le richissime chef d'entreprise Christian Grey, elle est à la fois séduite et profondément intimidée. Convaincue que leur rencontre a été désastreuse, elle tente de l'oublier - jusqu'à ce qu'il débarque dans le magasin où elle travaille à mi-temps et lui propose un rendez-vous.
Naïve et innocente, Ana est troublée de constater qu'elle est follement attirée par cet homme. Quand il lui suggère de garder ses distances, elle ne l'en désire que davantage.
Mais Grey est tourmenté par ses démons intérieurs et le besoin de tout contrôler. Lorsqu'ils entament une liaison passionnée, Ana découvre son pouvoir érotique, ainsi que la part obscure que Grey tient à dissimuler..."
[Résumé Editeur, chez JCLattès, DL 2013, isbn : 978.2.7096.4252.1]
Bien bien bien...

Que dire à part ce que tout le monde sait déjà ? J'étais bien sûr très curieuse de lire ce fameux "roman le plus vendu en 2012", ces quelques pages de pseudo-scandale ! Et oui, je l'ai fort vite et bien lu ! Ces 550 et quelques pages se sont vite tournées.
Malgré tout, je ne peux m'enlever de la tête cette impression très mitigée. Oui, il y a des scènes dignes des films du dimanche soir sur M6, mais elles sont noyées au milieu de... d'une sorte de mission d'éradication du démon. 
Concrètement, que se passe-t-il ? Ana tombe in love d'un fan de bondage et ? Elle veut le faire "revenir vers la lumière". Grand bien lui fasse, j'ai envie de dire ! Il n'y a aucune difficulté à deviner où l'auteur veut en venir (vous allez me dire, j'étais déjà prévenue que ce n'était pas de la littérature faite pour réfléchir !), et quand la fin approche, on sait déjà que si jamais on a encore envie d'en savoir plus, il faudra se procurer le tome 2 ! Le cliffhanger se veut peut-être insoutenable, il ne m'a pas convaincue.

C'est sans regret aucun que j'abandonne Christian et Anastasia à leurs fantasmes divers et variés pour me plonger, moi, avec délectation dans la suite de Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer, j'ai nommé : La septième vague.

Je vous laisse quand même le premier paragraphe de l'oeuvre de EL James qui... vend du rêve !
"Je grimace dans le miroir, exaspérée. Ma saleté de tignasse refuse de coopérer. Merci, Katherine Kavanagh, d'être tombée malade et de m'imposer ce supplice ! Il faut que je révise, j'ai mes examens de fin d'année la semaine prochaine, et, au lieu de ça, me voilà en train d'essayer de soumettre ma crinière à coup de brosse. Je ne dois pas me coucher les cheveux mouillés. Je ne dois pas me coucher les cheveux mouillés. [...]"
Ah non, en fait, je n'ai même pas le courage d'en retranscrire plus !

A bientôt :)

Crédit Photo : Curve de Céline Nadeau, via Flickr.com

dimanche 28 avril 2013

Un brillant avenir de Catherine Cusset

"En 1958, malgré l'opposition de ses parents, Elena épouse Jacob, un Juif. Elle réalise son rêve : quitter la Roumanie communiste et antisémite de Ceauşescu et émigrer aux Etats-Unis.
Elle s'y fait appeler Helen et rompt avec son passé. Mais, ving ans plus tard, elle se retrouve confrontée à une réalité qui lui échappe : l'indépendance de son fils à qui elle a tout sacrifé, et qui épouse Marie, une Française. Compte-t-il partir à son tour ?
Helen n'aime pas la jeune femme, qu'elle trouve égoïste et arrogante. Marie a peur de cette belle-mère dont le silence recèle une hostilité croissante. Pourtant, entre ces deux femmes que tout oppose - leur origine, leurs valeurs et leur attachement au même homme -, quelque chose grandit qui ressemble à de l'amour."
Prix Goncourt des Lycéens 2008.
[Résume éditeur, chez Folio, n°5023, impr. 2010, isbn : 978.2.07.040258.8]
Je le disais dans le dernier post, j'appréhendais le passage à un nouveau livre... Les trois derniers ayant été très bien, je craignais de trouver un ouvrage qui me ferait retomber dans cette sorte de léthargie littéraire dont j'ai du mal encore à sortir.

J'ai donc décidé pour choisir mon livre suivant, de faire confiance à LibraryThing. En allant sur la page représentant ma PAL, j'ai sélectionné quelques bouquins, dont celui de Catherine Cusset, et ai demandé à LT s'ils allaient me plaire ou non, grâce à leur baromètre (j'adore cet outil !).

Et comme vous pouvez le constater, pour Cusset, c'est sans appel ! C'est un livre que j'ai eu un peu moins d'un an plus tôt, je ne m'en rappelle plus...
Je l'attrape donc dans ma biblio, lis la quatrième... Hmm, l'histoire politique roumaine me fait un peu freiner, j'aurais préféré du plus léger ! Je l'ouvre, et je découvre que c'est écrit bien petit (on dirait un mémé ! :D)... Mais bon, LT l'a dit, on va bien voir.

Et j'ai vraiment bien aimé !
Le style de Cusset est plutôt direct, même s'il y a ces petites allusions qui m'agacent toujours à propos des héroïnes de romans, qui sont PARFAITES... Exemples, avec la scène du bal :
"Elle accepta avec reconnaissance. C'était une valse. Il la menait doucement, avec une certaine hésitation au début, comme s'il avait peur d'aller trop vite. Mais dès qu'il se fut rendu compte qu'elle était une danseuse chevronnée [...]" blablabla... p.102
"Encore un tango argentin, qui fut suivi d'un autre. Il semblait impressionné par la précision de ses pas. Sa petite taille n'empêchait pas Elena de se tenir très droite, la tête haute, la posture d'une danseuse de tango, le sourire aux lèvres. Elle dansait mieux que lui, mais ça n'avait pas d'importance." p.103
Typiquement le genre d'allusions qui me gonflent... Qu'est-ce que ça ferait à l'histoire, si elle lui avait un peu marché sur les pieds pendant son tango, comme tout le monde ? Franchement ? Bref ! C'est du chipotage, je l'avoue, mais on se croirait dans du Danielle Steel...

Pour le reste, c'est vraiment bien mené, comme la valse ! Le côté politique est là, bien sûr, mais il n'est pas lourd. Les chapitres s’enchaînent à un bon rythme, ni trop courts ni trop longs, même si certaines pages manquent d'aération dans le texte à mon goût. Il y a de nombreuses ellipses dans les mêmes paragraphes, c'est un brin déroutant. Du détail, toujours.
Donc malgré ma réticence du fait que ces 370 pages aient été écrites en petites typo, j'ai dévoré cette histoire en six petits jours. 

En voici le premier paragraphe :
"Chapitre 1 - 2003 - Juste le silence : Alors qu'Helen déplie le matelas gonflable, elle entend Jacob tirer la chasse et ouvrir la porte de la salle de bains. Elle lève les yeux et voit son mari dans son pyjama gris à rayures blanches qui la dévisage, debout à l'entrée du salon. Elle en est agacée. Non parce qu'il ne propose pas son aide -ce n'est pas difficile de gonfler le matelas, et Jacob est devenu si maladroit qu'il vaut mieux se débrouiller sans lui- mais parce qu'il ne pose pas la question qui le tracasse de toute évidence : pourquoi sa femme couche-t-elle dans le salon ? Elle décide de garder le silence. Il peut encore articuler trois mots."
Les chapitres ne sont pas dans l'ordre chronologique de l'histoire. J'avais lu que cela avait dérangé certains lecteurs. Personnellement, j'ai bien aimé. Recoller dans sa tête les morceaux de leur vie, de leur fuite, de leurs réussites et de leurs échecs, ça apportait une certaine originalité. Jusqu'au dernier chapitre, qui ne m'a pas semblé coller. Quel drôle de choix pour la fin ! Et quel dommage de finir sur cette dernière note mitigée...

Ce que je retiens de ce livre, c'est cette vision du temps qui passe, les conflits générationnels. Des corps qui se dégradent, des espoirs qu'un mère place dans son enfant avant de comprendre qu'il ne lui appartient pas malgré l'éducation différente qu'elle a reçu. De la maladie qui plane, et de l'importance de la famille surtout, celle que l'on s'invente mais aussi celle qui nous adopte !

Maintenant...
J'attends avec impatience de voir si ce soir, je récupérerais ou non les fameuses cinquante nuances de Machin-Truc. Il est grand temps que je me fasse mon avis sur la question !


Crédit photo : Maria's World Map, by mrsdkrebs,via flickr.com

samedi 20 avril 2013

Le Confident, d'Hélène Grémillon

"Camille vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, elle découvre un étrange courrier, non signé. Elle croit d'abord à une erreur mais les lettres continuent d'arriver, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend qu'elle n'est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance referme.
Dans ce premier roman sur fond de Seconde Guerre mondiale, Hélène Grémillon mêle de main de maître récit historique et suspense psychologique.
Le confident a obtenu cinq prix littéraires et été traduit en dix-huit langues."
[Résume éditeur, chez Folio, n°5374, impr. 2013, isbn : 978.2.07.044509.7]

Voici un petit bijou bien vite lu, quatre petits jours auront suffit pour venir à bout de ses 310 pages.
Le style d'Hélène Grémillon est tout ce que j'aime, elle n'écrit pas, elle nous parle. D'ailleurs, le début m'a un petit peu perturbée car justement, il n'y en a pas vraiment : on entre directement dans l'histoire, pas de détours, pas d'explications. Mais c'est bien vite oublié !

Ce roman a plusieurs narrateurs, que l'on reconnait à la typographie. Entre autres, il y a Camille, dont la vie bascule : sa mère vient de mourir et elle attend elle-même un enfant auquel elle ne rêvait plus. Il y a Louis, qui lui raconte son enfance, son amour avec Annie pendant l'arrivée d'Hitler au pouvoir, par le biais de lettres tout aussi directes et franches. Ces deux tranches de vie vont finir par se mêler l'une à l'autre.
Bien que l'on puisse facilement deviner où l'auteur veut nous mener... On ne voit pas venir la fin (fin toute aussi abrupte que le début, mais après ces quelques centaines de pages, on s'y est fait), un joli coup de maître !
Le premier paragraphe :
"Un jour, j'ai reçu une lettre, une longue lettre pas signée. C'était un événement  car dans ma vie je n'ai jamais reçu beaucoup de courrier. Ma boîte aux lettres se bornant à m'annoncer que la-mer-est-chaude ou que la-neige-est-bonne, je ne l'ouvrais pas souvent. Une fois par semaine, deux fois les semaines sombres, où j'attendais d'elles, comme du téléphone, comme de mes trajets dans le métro, comme de fermer les yeux jusqu'à dix puis de les rouvrir, qu'elles bouleversent ma vie.
Et puis ma mère est morte. Alors là, j'ai été comblée, pour bouleverser une vie, la mort d'une mère, on peut difficilement mieux faire."
Une petite phrase qui m'a plu :
"Les confidences sont une marque d'amour ou d'amitié à manier avec dextérité." p. 182
Hélène Grémillon va rester dans ma liste d'auteurs à suivre !

Hélène Grémillon présente "Le confident". par blogsdeplon
Et maintenant ? Je suis bien embêtée... Je n'ai rien à lire sous la main !! Après toutes ces chouettes lectures (3 livres à ★ à la suite, ça ne présage rien de bon, non ?), je crains de retomber dans quelques lectures que je laisserais tomber trop vite... A suivre, donc !

Crédit photo : Iasi old photos de Adrian Serghie sur flickr.com

lundi 15 avril 2013

Heather Mallender a disparu, de Robert Goddard

"Venue séjourner sur  l'île de Rhodes pour se remettre d'un drame personnel, Heather Mallender disparaît brusquement au cours d'une balade en montagne, presque sous les yeux d'Harry Barnett, le gardien de la villa où elle résidait. Soupçonné de l'avoir assassinée, Harry est laissé en liberté, faute de preuves. Ce quinquagénaire alcoolique et désabusé décide alors de mener l'enquête à partir de sa seule piste : les vingt-quatre dernières photos prises par la jeune femme. Cliché après cliché, il va ainsi reconstituer les dernières semaines de sa vie, entre la Grèce et l'Angleterre. Mais plus il apprend de choses sur le passé d'Heather et plus le mystère s'épaissit."
[Résumé éditeur, chez Livre de poche, n°32874, impr. 2013, isbn : 978.2.253.16953.6]
Olivia de Lamberterie, journaliste chez Elle, est citée sur la quatrième de couverture : "Robert Goddard signe avec Heather Mallender a disparu un pavé à suspense à devenir asocial et insomiaque". Je lui accorde volontiers que c'est un vrai pavé : 714 pages durant lesquelles Goddard ne nous lâche pas, ne nous perd pas en route. Il tient son lecteur en haleine, il distille des indices, des doutes. Une bien belle petite cuisine ! Je viens de le refermer et l'idée qui me vient en premier c'est : quand même, c'était drôlement bien ficelé, tout ça ! Pour le côté asocial et insomniaque, bon j'ai quand même passé mon tour... Il m'aura fallut un peu plus d'un mois pour le lire très tranquillement !

L'auteur nous amène dans les montagnes grecques, dans la campagne anglaise... On traîne aussi pas mal dans les pubs et les tavernes, accoudés au comptoir avec notre anti-héros mal fagoté qui transpire le doute et l'apitoiement. On est avec lui pour le conforter dans son raisonnement. Sans rire, Goddard a réussi à nous faire asseoir à côté d'Harry et à lui souffler à l'oreille : "mais si, c'est par là qu'il faut que tu ailles, vas-y !"
Le premier paragraphe :
"Si elle revenait maintenant, ou même dans cinq minutes, tout irait bien. Il pourrait mettre sur le compte d'un excès de silence et de solitude l'impression confuse qu'il ne la reverrait peut-être jamais. Du reste, son bon sens lui soufflait qu'elle allait revenir d'un instant à l'autre et crier son prénom en descendant le sentier. S'il en était venu à redouter le contraire, c'était uniquement sous l'emprise de cette part de lui-même vouée au monde obscur des instincts et des sensations dont il n'aimait pas faire grand cas."
Ceux qui aiment les histoires à suspenses, puisant leurs racines dans de sombres histoires du passé seront sans doute contents du voyage...!
Quant à moi, maintenant... Je m'en vais ouvrir un premier roman : le fameux Confident d'Hélène Grémillon !

Crédit photo : Rhodes - Harbor Entrance, de Roger4336 sur Flickr.com

jeudi 21 mars 2013

Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer

 Un homme et une femme. Ils ne se connaissent pas mais échangent des mails. Jusqu'à devenir accros. Jusqu'à ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre. Sans se rencontrer pour autant...Savoureuse et captivante, cette comédie de moeurs explore avec finesse et humour la naissance du sentiment amoureux.
[Résume éditeur, chez Livre de poche, n°32132, impr. 2012, isbn : 978.2.253.15730.4]
Aujourd'hui, je vous propose un petit intermède allemand...
Ce livre, beaucoup en ont parlé... je suis passée devant plusieurs fois, mais alors, il ne me tentait pas... L'autre jour, j'ai lu une critique dans la revue PAGES des libraires et je me suis dit "allez, la prochaine fois que je retombe dessus, je re-regarde". Et c'est arrivé il y a trois jours, entre midi et deux. Je le prends, la couverture me laisse toujours aussi froide. Mais bon, je le prends quand même !
Je ressors de la librairie et j'ai encore un peu de temps devant moi, avant d'aller bosser... Alors je me dis "j'ai qu'à voir un peu ce que ça donne" !
J'ai ri et souris dès les premières pages. Ce livre, assez fin puisque "seulement" 348 pages, je l'ai lu en deux petits jours. Comme ce sont des mails, les paragraphes et chapitres sont très courts, mais le ton lui, est toujours là ! Daniel Glattauer que je découvre, a le sens de la bonne phrase (en tout cas, on peut aussi saluer sa traductrice, Anne-Sophie Anglaret !).
Bien sûr, le thème me touche particulièrement, faisant partie de ces gens qui communiquent virtuellement avec de parfaits étrangers, les laissent entrer dans une espèce de sphère semi-privée jusqu'au jour où... ce ne soit plus possible et qu'il faille faire un choix.

Quelques extraits notés ici et là, pour se faire une idée du style :
"Mais à part cela ? Rien. Il n'y a personne autour de nous. nous n'habitons nulle part. nous sommes sans âge. Nous sommes sans visage. Nous ne faisons pas la différence entre le jour et la nuit. Nous vivons hors du temps. Nous sommes retranchés derrière nos écrans, et nous avons un passe-temps commun : nous nous intéressons à un parfait inconnu." p. 29
"Cela confirmerait que nous sommes chacun la voix de l'imagination de l'autre. N'est-ce pas assez beau et précieux pour en rester là ?" p. 122
"On ne peut pas reproduire le bon vieux temps. Comme son nom l'indique, ce temps est vieux. Le nouveau temps ne peut jamais être comme le bon vieux temps. S'il essaie, il semble aussi défraîchi et usé que celui qu'il souhaite voir revenir. Il ne faut pas regretter le bon vieux temps, sous peine de devenir soi-même vieux et amer." p. 264

Bo, je retourne à mon Robert Goddard :D

(crédit photo : 19:37 != 22:56 de psd, via Flickr.com

vendredi 8 mars 2013

Le Chinois de Henning Mankell

Une tache écarlate sur la neige. Plus loin, une jambe... En tout, dix-neuf personnes massacrées à l'arme blanche à Hesjövallen. Selon les médias, un psychopathe a frappé. Pour la juge Birgitta Roslin, tout est trop bien organisé. Sa seule piste: un ruban rouge chinois. Indice qui la mène jusqu'à Pékin, dans les familles des émigrés du siècle dernier. Les humiliés auraient-ils pris leur revanche ?
[résumé Amazon, isbn : 978-2757832110]
Non, ce blog n'est pas mort ! Je n'ai pas renoncé à l'idée de venir déblatérer dans le vide intersidéral du bab-el-oueb à propos de mes lectures...

Le soucis, c'est qu'en ce moment, ces dernières sont quasiment inexistantes... Je m'impressionne moi-même ! 

Aujourd'hui, je viens vous causer de ce Mankell, là, mais sachez que je ne l'ai pas fini... et pour cause, ça fait deux semaines que je le cherche, sans mettre la main dessus... En attendant, je n'ai pas ouvert d'autres livres, et lui ne réapparaît pas... Je n'ai pas la tête à ça, tout simplement je crois... 


Mais bon, parlons du Chinois, d'abord !
Ce livre, c'est une libraire qui me l'a conseillé... Elle avait des étoiles dans les yeux en en parlant, carrément, une vraie fan. J'ai appris par hasard que deux jours avant, elle avait essayé de le vendre à une bonne amie à moi, avec la même verve. Elle n'avait pas été convaincue, moi, oui ! Et pour cause, j'adore Mankell, notamment depuis les Chaussures italiennes () qui reste un de mes livres-phares. Bon, il m'a déjà déçue aussi, comme avec le Cerveau de Kennedy (). Mais comme j'apprécie aussi ses enquêtes policières avec Wallander dont je n'ai jamais eu l'occasion de parler ici apparemment, je me suis laissée tenter.


Je lui colle une étiquette avec trois étoiles, mais je ne suis pas plus enchantée que ça. J'ai aimé l'intrigue, ce village entier ou presque qui se fait assassiner, l'enquête qui en découle. Le personnage de la juge, qui se retrouve mêlée à tout ça. Mais voilà, Mankell nous embarque une fois de plus dans ses idées politiques, avec des allers-retours entre la Chine, les USA et la Suède, entre le passé et le présent. D'un côté ce village, de l'autre des immigrants chinois d'il y a un siècle, de l'autre une juge qui se rêvait communiste trente ans auparavant. Et l'enquête se retrouve au second plan et ça m'agace !

A priori (je dis ça comme ça, puisque je ne l'ai pas fini !), on comprend assez rapidement quand même qui est derrière tous ces meurtres, même si au point où j'en étais, les raisons restaient encore un brin obscures. Mais je n'ai plus envie d'en savoir plus.

Je ne renie pas Mankell pour autant, je me suis promis un jour, de recommencer les Wallander du début, histoire de pouvoir suivre l'évolution du héros au fil des romans. Un jour peut-être...

En attendant, j'ouvre des livres, et je les referme... 

Il y a longtemps que j'ai laissé tomber un Oiseau blanc dans le blizzard, au profit des Revenants, autre livre de Kasischke abandonné dès le deuxième chapitre (mais je pense que j'y reviendrais, ce n'était juste pas le moment !)...

Pour l'instant, je m'accroche à Heather Mallender a disparu, de Robert Goddard... Auteur dont j'avais énormément apprécié le livre Par un matin d'automne (★★★★☆) ! Je suis à la page 41, et je vous jure que ça se fête !

D'ailleurs, il est plus que temps que j'aille bouquiner...
Bonne nuit et lecture à tous.

[crédit photo : Lanterns, de caitriana sur Flickr]

dimanche 27 janvier 2013

Jusqu'à la folie de Jesse Kellerman


La nuit est tombée sur Manhattan. Jonah, étudiant en médecine, sauve une jeune femme en tuant son agresseur. La presse l'érige en héros national. Pourtant, le procureur s'interroge sur son geste. S'il est vrai qu'aucune mauvaise action ne demeure impunie, son châtiment ne que fait que commencer. Après avoir goûté à la gloire, Jonah va connaître l'enfer.
[Résume éditeur, chez J'ai lu, coll. Thriller n°9947, impr. 2012, isbn : 978.2.290.02969.5]

J'avais adoré Jesse Kellerman lors de notre première rencontre avec Les Visages. Vraiment, cela avait été une lecture qui avait montré un tournant, pour moi, dans le genre du thriller. J'avais donc vraiment hâte de retrouver cet auteur avec Jusqu'à la folie.
Cela s'est vu, j'ai disparu de ce blog pendant quelques longues semaines. Des évènements pas très cools m'ont tenue éloignée de la lecture (d'ailleurs, l'Oiseau blanc dans le blizzard n'a pas beaucoup avancé). Comme toujours, pour m'y remettre, j'ai recherché des livres prenants et accessibles. Et c'est Jusqu'à la folie qui a rempli ce rôle à merveille. Lu en quelques jours, c'est un nouveau page-turner que nous offre Kellerman.

Il y a toujours un rapport avec l'art et ses formes parfois très diverses et variées, mais j'ai apprécié le fait de changer d'univers et de plonger dans le quotidien d'un étudiant en médecine. Il y a de vraies incursions dans ces moments-là de sa vie, qui n'apportent rien à l'intrigue en elle-même mais qui nous permettent de cerner le personnage et qui ne sont pas désagréables à lire.

La tension monte au fil des pages. Seul petit bémol pour moi, le rythme... Ça monte, ça monte... Puis d'un seul coup on se retrouve à la page 428 (sur 442), et on sait que le dénouement sera forcément brutal, peut-être bâclé (ce que je déteste par dessus tout !)... Bon ici, l'épilogue fait office de, mais...Cela aurait pu gagner une demi-étoile supplémentaire !

Juste une petite citation pour la route :

Les gens aiment faire croire que les accidents sont des choix, et inversement. Vanter ses pieds pour les grands bonds en avant ; imputer ses genoux écorchés à une terre qui tourne trop vite. p.410

Maintenant, j'attends que Beau Parleur sorte en poche ! Sûr qu'entre Kellerman et moi, ce n'est pas fini !

Crédit photo : High Royds Psychiatric Hospital de ht/tp://underclassrising.net