jeudi 3 octobre 2013

L'Armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen


Elsa, la grand-mère d'Anna, est atteinte d'un cancer foudroyant. Entourée de ses proches, elle compte bien profiter de chaque instant, de chaque plaisir, jusqu'au bout : les rayons du soleil, les bains de mer, ou le corps de Martti, son mari depuis plus de cinquante ans, contre le sien. Mais Anna découvre que derrière ce mariage heureux se cache un drame qui a marqué à jamais tous les membres de sa famille. C'est une vieille robe oubliée dans une armoire, trouvée par hasard, qui va réveiller le passé...
[Résumé Editeur, chez Le Livre de Poche, impr. 2013, isbn : 978.2.253.17556.8]
Presque deux mois. Deux mois pour lire ce livre. Je m'y suis accrochée de toutes mes forces. Une fois de plus, j'avais repéré cette histoire dès sa sortie en grand format... Un secret de famille, tout ce que j'aime ! Dès la dernière page de mon livre précédent tournée, je suis allée me l'offrir en poche, et en ai entreprit la lecture séance tenante.

J'ai énormément apprécié l'écriture de Riikka Pulkkinen. J'ai lu ces 422 pages, un crayon à la main, et mon exemplaire s'est rempli de petits post-its. Elle a le don du mot juste, de la phrase qui reste suspendue dans les airs et qui attrape un de nos propres souvenirs pour venir se lover à lui.
Elle a su créer une atmosphère. J'adore les romans scandinaves pour ça, je ne sais pas si c'est seulement parce que cette contrée me paraît délicieusement exotique et attirante que ses descriptions font ainsi toujours mouche pour moi.
Pour ce qui est des personnages, c'est plus complexe. Tout d'abord, il faut se faire aux différents noms et surnoms des protagonistes féminins : Ella, Elsa, Eeva. Pulkkinen fait des allers-retours entre les années 60 et 2010, il faut donc au début, savoir de qui on parle. Il n'y a pas que leurs noms qui se ressemblent, au final, toutes ces femmes sont très semblables dans leurs actions et sentiments. Bien sûr, cela sert aussi à l'intrigue : Anna va découvrir l'histoire de sa grand-mère Elsa, et celle-ci va faire écho à la sienne.

A lire les critiques, je m'attendais vraiment à un roman époustouflant, en cela sur le coup, j'ai été déçue. D'abord, il m'a fallut énormément de temps pour entrer dans l'histoire, pour avoir envie d'en apprendre plus. Quel était-il, ce drame que la quatrième de couverture me promettait ? Rien n'est venu, l'histoire est celle du plus banal des adultères et de ses conséquences. Si la forme d'écriture est belle, j'en ai trouvé le fond très plat. Ce n'est que maintenant, que je suis en train de repenser à ces détails, aux strates de ces personnages que je me rends compte de la justesse  des scènes que j'ai pu lire.

Voici quelques uns des passages pointés avec mon crayon :
"Les vivants ne savent rien de la mort, mais celle-ci, avec sa discrète avancée, fait irruption dans leur quotidien. Le temps se ralentit, la réalité est bornée par les murs du chagrin entre lesquels le mourant et ceux qui l'accompagnent accomplissent leurs rituels fervents." p. 21
"Les relations entre les gens sont comme des bois touffus. Ou bien les gens eux-mêmes sont des forêts, les sentiers s'ouvrent en eux l'un après l'autre, chemins se demeurant mutuellement inconnus, ne débouchant que par hasard sur les voies qui conduisent au bon endroit." p. 37
"Il aurait voulu dire à Anna : installe ta demeure dans les jours d'insouciance. Ils sont un rêve, mais tu n'as pas encore besoin de te réveiller. Dix ans, puis tu te réveilleras, cinq années de plus et tu lutteras contre l'éveil, une dizaine encore et tu te contenteras de ce que tu as. [...] Tu observeras le monde à la manière d'un tableau, le temps, l'expérience du temps, lui dessineront un cadre, et tu en jouiras d'une autre manière qu'auparavant." p. 47
"J'avais déjà oublié la confiance que les enfants reçoivent en partage parce qu'ils ne connaissent rien d'autre : la foi, reçue en naissant, que tout ira bien. A une période de sa vie, on la perd un instant, inévitablement. Si l'on a de la chance, elle revient. Viennent des gens pour vous prendre dans leurs bras sous la couverture, dans des chambres à coucher, pour vous tendre la main par-dessus des tables, et avec eux vous réapprenez ce qu'il vous avait fallu perdre en même temps que l'enfance." p. 109
"Quelqu'un a inventé qu'il n'y a pas de paix sans amour, et l'a chuchoté à l'oreille d'un autre à un coin de rue. La conscience de tous s'élargira, le ciel s'élargira au-dessus du chemin des idées, la terre ne tremblera pas, mais les cœurs battront plus vite." p. 325
Je garde donc de ce roman de Riikka Pulkkinen, une impression mitigée. J'étais heureuse d'en venir à bout hier soir !
Et maintenant, je change totalement d'univers. Fini le merle noir qui chante sur les branches nues des arbres au bord du lac, et bonjour soleil aveuglant, et chant des cigales qui tentent de dissimuler avec peine le bruit des balles tirées au silencieux dans le maquis corse. J'entame Têtes de Maures : Corse, 1931, de Didier Daeninckx.

Pour la petite histoire, c'est mon boucher qui m'a prêté ce livre ! Je vis dans une assez grande ville, mais dans un de ces petits quartiers qui ressemblent encore à un village et où l'on aime aller chez ses commerçants de proximité. Mon boucher est une attraction à lui tout seul, poète et jongleur de mots. Il a installé dans sa boucherie, une étagère, où l'on peut prendre et poser des livres. Têtes de Maures, il venait de le finir, mais il ne voulait le prêter qu'à quelqu'un "d'ici", en mesure de comprendre les Corses. On verra bien si mon sang sera à la hauteur !

[crédit photo : Le musée Gallen-Kallela (Espoo, Finlande), de dalbera, via flickr.com]

3 commentaires:

  1. Coucou, je t'ai envoyé un mail à propos du SWAP ;)

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  2. Nouveau mail à propos du SWAP ;)
    J'espère que ça collera :)

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