lundi 8 décembre 2014

Peine Perdue d'Olivier Adam


Cette année, à nouveau, j’ai eu l’occasion de participer aux matchs de la rentrée littéraire organisée par Price Minister.
Parmis la liste de livres proposés, j’ai choisi le dernier Olivier Adam, Peine perdue.
Ayant très peu rédigé de critiques dernièrement (oups !!), ma dernière critique d’Adam n’est pas très loin en bas de la page ! Je risque donc de me répéter : j’aime Olivier Adam, c’est vrai, je le jure ! Et pourtant…

Je n’irais pas plus loin dans ma lecture de Peine perdue, soit une cinquantaine de pages...

Tout comme le dernier roman d’Adam que j’avais lu, les Lisières, Peine perdue est un énorme bloc de mots collés les uns à la suite des autres. Pas de respiration, des énumérations, des suites d’idées agglutinées. Cette fois-ci, pour moi, la forme aura eu raison sur le fond. Je n’arrive pas à passer outre.

Pourtant, l’idée de départ est très sympa : on passe d’un interlocuteur à un autre par chapitre. N’ayant lu que les premiers, j’ai donc eu affaire à 5 ou 6 voix différentes, qui se mêlent et racontent jusqu’ici du moins, un même début de journée. Antoine se fait agresser alors qu’il aurait du aller chercher son petit pour l’amener à Marineland ; son ex-compagne l’attend, mais doit partir à son premier boulot ; son nouveau compagnon à elle, se retrouve avec le petit et décide d’aller chercher Antoine pour que le minot ne soit pas déçu une n-ième fois par son père ; etc. … Au total, 23 personnages vont ainsi se faire entendre à un moment clé, permettant de faire avancer au fur et à mesure l’intrigue. Le tout sur fond de tempête qui se lève pendant la fin de saison sur la côte. Ce qui implique une ambiance humide, lourde, morne et déserte.

Généralement, ça ne me gêne pas. Les longs chapitres, les héros qui ont l’air d’avoir des vies tristes et pesantes… J’y trouve même un certain intérêt.

C’est juste qu’en ce moment, ça ne passe pas. Je n’ai pas envie de lire ça maintenant. Je ne veux pas me forcer à lire un livre, alors qu’il y en a tant d’autres qui m’attendent et qui correspondront plus à ce que je cherche en cet instant.

En ce moment, j’ai envie que mes lectures me fassent rêver, et Adam est beaucoup trop réaliste pour ça. Il me fait peur, à dessiner cette France chaque jour un peu plus pauvre et désabusée, même si elle sait voir du Beau à un coin de rue...

Me voilà du coup bien embêtée pour lui donner une note sur 20 !
Mon seul conseil serait celui-ci : si vous aimez Olivier Adam, n’hésitez pas :)
Je pense sincèrement que j'y reviendrai moi-même, plus tard !

Je préfère poster ce semblant de critique aujourd’hui pour éventuellement pouvoir faire profiter un autre blogueur de mon exemplaire, et si vous ‘êtes pas encore inscrit vous-même, il y a toujours moyen ici !

En attendant, je crois qu'il est temps que pour 2015, je prenne la bonne résolution de plus souvent me pointer par ici :)

mardi 9 septembre 2014

Myst : Le Livre d'Atrus de Rand et Robyn Miller et David Wingrove


Peut-être certains de mes lecteurs en folie auront-ils remarqué que le livre dont je vais vous parler aujourd'hui est assez inhabituel dans ma bibliothèque.

En effet, ce bouquin là est très largement estampillé du sigle "S.F."... Genre que je n'affectionne pas particulièrement... Alors oui, j'en entends déjà dans le fond en train de s'écrier que non, la "S.F.", ce n'est pas ça, mais passons ! L'histoire reste la même, je n'aurais jamais lu ce livre de moi-même...!

Alors comment a-t-il atterri ici, pardi ? Il y a de ça quelques semaines, quelqu'un dont je ne partage pas du tout les lectures, m'a proposé "au risque de se détester pendant quelques heures", d'échanger une lecture qui nous avait marqué... Il est reparti avec La petite fille de Monsieur Linh sous le bras, et moi... Avec un livre mystérieusement blanc. Pour que mon jugement ne soit pas déformé, il en avait caché toutes les informations : une feuille blanche dissimulait la première et quatrième de couverture, mais aussi les premières pages du livre contenant la page du titre... Aucune info pour me donner le moindre petit indice quant à l'aventure qui m'attendait...

Voilà comment j'ai découvert l'histoire d'Atrus et de sa grand-mère Anna. Je suis vite entrée dans l'intrigue, je m'y suis vue, dans cette faille où le jeune homme passe ses premières années... Une des scènes même, m'a profondément marquée par sa beauté et m'en a inspiré un dessin. Anna me semblait être une aïeule auprès de laquelle bien des enfants auraient aimé grandir... Aussi ai-je tout de suite haï le personnage de Gehn quand celui-ci débarque avec 14 ans de retard récupérer son fils...

Ce livre arrive donc à la suite des jeux vidéos Myst, célèbres jeux d'énigmes. Les créateurs du jeu eux-même ont repris leur univers pour en faire émerger une trilogie littéraire retraçant la genèse des jeux.

Je suis ravie de cette découverte qui m'a permis de sortir des sentiers battus que l'on s'impose souvent. Je pense lire le deuxième tome à l'occasion, - surtout qu'il est écrit du point de vue d'une Anna plus jeune - mais pas tout de suite... J'ai plein de livres que je me suis acheté dernièrement que j'ai très envie de découvrir : un de Rosnay, un Morton, entre autres... Et un petit livre espagnol que je viens d'achever en ce dimanche matin, dont je vais venir vous reparler... De suite après :)

jeudi 17 avril 2014

Je reviendrais avec la pluie de Takuji Ichikawa

Depuis la mort de sa femme Mio, Takumi vit seul avec son fils Yûji, âgé de six ans. Il gère le quotidien et l'éducation de son fils du mieux qu'il peut. Une seule chose le fait tenir, la promesse faite par Mio qu'elle reviendrait avec la pluie. Le premier jour de la saison humide, cette promesse se réalise. Durant six semaines, le temps se suspend pour Mio et Takumi. En 2003, plus de trois millions de lecteurs japonais tombent amoureux de Je reviendrai avec la pluie. Suite à son immense succès, le livre a inspiré un film et une série télé encensés par la critique, ainsi qu'un manga sacré best-seller. Takuji Ichikawa défend une vision idéalisée de l'amour et met au service de cette histoire bouleversante une écriture d'une sensibilité rare, poétique et pleine de fantaisie.
Je ne sais plus depuis combien de temps je lorgnais sur cette histoire. Quand enfin, un jour à la gare, je suis enfin tombée sur la version poche, je n'ai pas hésité une demi-seconde ! Et ni une, ni deux, j'en ai entrepris la lecture. 

Je n'ai pas accroché tout de suite... J'ai même commencé deux autres livres en même temps, ce qui n'est pas de moi d'habitude. Mais ces deux derniers jours, je me suis replongée dedans avec délice, et... Avec quelques larmes aussi !!

Takuji Ichikawa a su retranscrire des émotions simplement belles. Même si mon accrochage a été fastidieux, je sentais que ce livre me plairait, à un meilleur moment de ma vie. 

Je me suis tout de suite attachée au personnage de Tak-kun. Au début, je le prenais un peu pour une sorte de Forrest Gump japonais, sensible, simple peut-être, mais avec une vision des choses très touchante. 

Au fil de ma lecture, je m'attendais à ce que l'on n'ait pas le fin mot de l'histoire sur la réapparition miracle de Mio pendant quelques semaines... Et ce n'était pas un soucis pour moi, je me faisais gentiment balader par l'auteur.

Pour la petite histoire, je l'ai terminé lors d'une longue attente chez un docteur. Le monde dans la salle ne m'a pas empêchée de verser ma petite larme !
C'est sans aucun doute que je lui mets ses 5 étoiles. Je m'étais dit, assise sur ma chaise en plastique de salle d'attente, que si je le finissais à cet endroit là en cas, je le laisserais à quelqu'un d'autre avec un petit mot dedans. Mais finalement non, il était trop joli, je préfère le prêter à mes proches :)

Et maintenant, je suis plongée dans du Harlan Coben avec Six ans après... J'en viendrais vite à bout. Et il faut aussi que je vienne vous causer de 06h41 de Blondel lu en deux temps trois mouvements :)

A très vite !

[crédit photo : "Ripple" de mrhayata via flickr.com]

lundi 17 février 2014

La Bâtarde d'Istanbul, d'Elif Shafak

"Chez les Kazanci, Turcs d'Istanbul, les femmes sont pimentées, hypocondriaques, aiment l'amour et parlent avec les djinns, tandis que les hommes s'envolent trop tôt - pour l'au-delà ou pour l'Amérique. Chez les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés aux États-Unis dans les années 1920, quel que soit le sexe auquel on appartient, on est très attaché à son identité et à ses traditions. Le divorce de Barsam et Rose, puis le remariage de celle-ci avec un Turc nommé Mustafa suscitent l'indignation générale. Quand, à l'âge de vingt et un ans, la fille de Rose et de Barsam, désireuse de comprendre d'où vient son peuple, gagne en secret Istanbul, elle est hébergée par la chaleureuse famille de son beau-père. L'amitié naissante d'Armanoush Tchakhmakhchian et de la jeune Asya Kazanci, la « bâtarde », va faire voler en éclats les secrets les mieux gardés..."
[Résumé Editeur, chez 10/18, Domaine Etranger n°4154, impr. 2008, isbn 978.2.264.0474.03]

En décembre dernier, je participais pour la première fois à un Swap de Noël, avec Hors les Murs en binôme.
Dans son si joli colis, il y avait la Bâtarde d'Istanbul. S'il y avait ce livre, c'est parce qu'Hors les Murs avait voulu rassembler deux de nos univers : sa passion pour la littérature du Moyen Orient, mon plaisir pour les sagas familiales. Sur le papier, tout y est !

Malheureusement, j'ai eu du mal à m'accrocher.
Il y a d'abord les personnages. Rien à faire, elles et moi, on est pas devenues copines. Je les regardais vivre leurs histoires de loin.
Ensuite bien sûr, il y a ce contexte géographique et culturel qui m'est complètement étranger. Elif Shafak, à mon goût, n'a pas su me le rendre familier. La cuisine tient une place importante dans le roman, et toutes ses saveurs décrites ne faisaient pas écho dans mon esprit, se transformant du coup en longueurs. Le contexte historique et politique du conflit turque-arménien ne m'était connu que dans les grandes lignes également, et il m'a été difficile de m'immerger dans les sentiments que cela pouvait provoquer chez les personnages.
Une lecture qui s'est transformée petit à petit en labeur. Dommage, surtout quand je lis toutes les bonnes critiques que l'auteur recueille sur la toile ! Je suis passée à côté !

Peut-être est-ce aussi du à une mauvaise période de lecture pour moi. En ce moment, aucun livre n'arrive à capter mon attention ! Je suis en train de traînasser sur La Mort s'invite à Pemberley de P.D. James que je guettais depuis pourtant bien longtemps... Mais rien à faire, je lis les pages par paires et je m'endors. Vivement que cela passe !

[Crédit photo : Istanbul, de Moyan Brenn, via Flickr.com]


jeudi 2 janvier 2014

Swap #1 : Noël 2013

Il y a de ça quelques semaines, Tahicha a eu la bonne idée d'organiser un Swap spécial Noël.
Ne connaissant pas grand monde sur la blogo-litt', c'est elle aussi qui s'est chargée de me trouver un binôme, et on peut dire qu'elle a eu du flair ! Grâce à elle, j'ai eu la chance de faire la connaissance de "Hors les Murs" !


Découvrir Hors les Murs a été une très chouette expérience. Un mail de sa part, un de ses tweets dans ma TL, et je suis ravie :) Elle ne pouvait pas vivre plus à l'opposé de chez moi ou presque, toute la France nous sépare, ça ne l'a pas empêchée de me gâter !!
Malheureusement, les photos ne rendent pas honneur à son beau cadeau ! Donc en plus des 5 bougies, de l'énorme cornet de chocolat, des bredeles (rohlalaaaaa) et de l'assortiment de thé que j'adore, voici les livres qu'elle m'a choisi avec tant de bon goûts :


Nous avons de ce pas décidé de ne pas arrêter notre rencontre ici, et transformer La Bâtarde d'Istanbul d'Elif Shafak en lecture commune. Alors, chère Hors les Murs, à très vite :)



dimanche 1 décembre 2013

Une part de ciel de Claudie Gallay


"Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n’est pas la sienne. Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pourvoyeur de souvenirs, lebeau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse… Dans le gîte qu’elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l’artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n’a rien d’évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d’enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s’écoule, le froid s’installe, la neige arrive… Curtil sera-t-il là pour Noël ?
Avec une attention aussi intense que bienveillante, Claudie Gallay déchiffre les non-dits du lien familial et éclaire la part d’absolu que chacun porte en soi. Pénétrant comme une brume, doux comme un soleil d’hiver et imprévisible comme un lac gelé, Une part de ciel est un roman d’atmosphère à la tendresse fraternelle qui bâtit tranquillement, sur des mémoires apaisées, de possibles futurs."
[Résumé éditeur]

Cela fait quelques années maintenant que Claudie Gallay fait partie de mes valeurs sûres. J'avais adoré son Dans l'or du temps (★)... Elle avait essayé de me perdre au milieu de ses Déferlantes (★★★☆☆) et au final, je ne l'en avais aimée que davantage. J'avais été étonné de découvrir que ces deux histoires si différentes avaient été rédigées par la même main ! En tenant mon exemplaire d'Une part de ciel sympathiquement offert par Price Minister pour ses matchs de la rentrée littéraire, je ne savais pas encore quelle Claudie Gallay j'allais retrouver et, je ne savais pas laquelle j´avais plus envie de lire !
Très vite, le ton est donné : c'est l'ambiance des Déferlantes que l'on retrouve. Bien que le contexte géographique soit différent, l'histoire est la même : une femme, plus toute jeune mais pas encore d'âge mur, arrive dans un lieu. Elle est seule, elle vient d'être quittée et sa vie semble arriver a un tournant. Les Déferlantes se situait en Bretagne, une part de ciel est dans les alpes... Il y a une diagonale entre ces deux décors et pourtant ! J'ai eu la sensation que c'était les mêmes endroits, les mêmes gens. Les vagues sont remplacées par les feuilles des arbres, les oiseaux marins par les écureuils. Claudie Gallay est une reine des atmosphères. Elle décrit chaque petites choses, chaque petit geste du quotidien, chaque petit tour de cuillère dans un café crème accoudé au zinc, chaque petit flocon de neige qui se pose doucement sur une branche de chêne. Alors oui, c'est long. C'est même très long. 400 et quelques pages de détails accumulés jusqu'à former des pans de vie, des liens entre les personnages, des questionnements incessants sur la place que chacun d'eux semble occuper dans leurs histoires communes. "Et si ?"... "Et est-ce que tu crois que...?" La narration est construite au jour le jour, comme un journal intime oral. Carole raconte :
"Lundi 3 décembre
On était trois semaines avant Noël. J'étais arrivée au Val par le seul train possible, celui de onze heures. Tous les autres arrêts avaient été supprimés. Pour gagner quelques minutes au bout,  m'avait-on dit.
C'était où le bout ? C'était quoi ?
Le train a passé le pont, a ralenti dans la courbe. Il a longé le chenil. Je me suis plaqué le front à la vitre, j'ai aperçu les grillages, les niches, les chiens. Plus loin, la scierie sombre et la route droite.
Le bungalow de Gaby, la boutique à Sam, les boîtes aux lettres sur des piquets, le garage avec les deux pompes et le bar à Francky.
On avait bâti des maisons tristes cent mètres après la petite école. Les stations de ski étaient plus haut, sur d'autres versants.
J'ai pris ma valise. Je l'ai tirée jusqu'à la porte."
Bienvenue au Val.

L´attente.
On attend avec Carole et les siens. L'attente est longue et pesante. Lorsque nous Lecteur, tournons les pages les unes après les autres, c'est usant. Mais c'est aussi la force de l'écriture de Gallay. Je n'ai pas encore fini ce livre, je vais donc retourner y attendre Curtil moi aussi. Que vient-il annoncer ? Quelles seront les révélations finales ? Je pense d'ores et déjà deviner que ce n'est pas là que ce situe la clé de l'histoire.
Tout comme les enfants et Noël, elle est dans le pouvoir de savoir savourer l'attente.

[Crédit photo : Alpes d'automne, de Christophe Sertelet via flickr.com]

vendredi 11 octobre 2013

Têtes de Maures : Corse, 1931 de Didier Daeninckx

Corse, août 1931. François Caviglioli, "bandit d'honneur", fait irruption dans une petite station thermale pour prélever son tribut. L'affaire tourne mal et se solde par plusieurs morts. La panique s'empare de l'île, chassant touristes et curistes que des caïds rivaux se sont fait une spécialité de rançonner. L'occasion  pour le ministre de l'Intérieur, Pierre Laval, de mettre sur pied une expédition militaire d'une brutalité toute coloniale...
En quoi ces événements méconnus sont-ils reliés à la disparition de Lysia Dalersa, le 5 mai 2012, et à la mort de son frère, quelques semaines plus tôt, déchiqueté par la bombe qu'il destinait à une villa construite trop près des plages ?
Melvin Dahmani, petit escroc parisien qui fut l'amour d'été de Lysia, entreprend sa propre enquête. Mais les témoins sont rares ou tiennent à leur vie. Seuls indices : ceux que la jeune femme a laissés, un vieux cahier et deux têtes de poupées maures...
En Corse, dit le proverbe, "tout se fait, tout se sait, tout se tait". A moins de bien chercher...
[Résumé Editeur, chez L'Archipel, coll. Suspense, impr. 2013, isbn : 978.2.8098.9.1304]
Ah mon boucher me l'avait vendue, cette histoire ! Il m'avait dit : "seul un Corse, à la rigueur un Méditerranéen, peut comprendre cette histoire, vraiment la comprendre". Je ne sais pas si les Bretons ou les Chtits ne pourraient vraiment pas non plus en prendre la pleine mesure... mais pour ce qui est de mon cas, Jean-Paul avait visé plutôt juste. 
La Vendetta, ici ça fait partie des moeurs. D'ailleurs, rien que l’étymologie de ce mot est parlante : il vient du latin, passe par le corse, re-passe par l'italien avant d'être francisé. 

Beaucoup de choses m'ont plu dans ce roman de Daeninckx, mais surtout je pense, parce qu'elles résonnaient en moi comme des histoires familières. Les noms des personnages, des villes et villages, leurs descriptions... Cette ambiance lourde, palpable, cette sensation d'être surveillé.
Je l'ai lu en une petite semaine tranquillement... Une bouffée d'air après le Pulkkinen !!
Je regrette  peut-être juste un peu de m'être parfois sentie perdue... Entre les différentes histoires de vengeance (il faut dire que la vendetta, ça n'a pas de limite de temps... Parfois les coups pleuvent un jour après l'autre, et et parfois, il se passe des années...), il m'est arrivé d'avoir du mal à retracer le contexte !

Voici les deux extraits que j'ai jugé les plus parlants, sur la Corse, et sur la vendetta.
"Ecoutez, Melvin, une île au soleil, ça ne fait rêver que les continentaux. En vérité, c'est comme un bateau : on s'y emmerde tellement qu'on fait exprès de se croiser le plus souvent possible pour croire qu'il y a du monde." p. 161
"Refuser l'héritage du sang, c'est pire qu'un bannissement. Celui qui s'y risque, celui qui pardonne, est considéré comme un traître, un lâche. La société entière le tient dans le mépris, il devient la honte des siens, on dit qu'il piétine les ossements de ses aïeux tout autant qu'il déshonore sa propre prospérité. Aucune femme n'accepte plus de lui donner l'asile de son ventre, ses enfants sont voués au malheur, à la mort indigne..." p. 199
Et maintenant, qu'est-ce que je vais lire ?

Aucune idée... Je n'ai pas encore eu le temps de me pencher sur la question !! J'attends le livre que doit m'envoyer Price Minister pour participer aux Matchs de la Rentrée Littéraire 2013... J'ai peur de commencer un livre et de devoir l'interrompre... J'ai embarqué Océan Mer de Baricco que j'ai dans ma bibliothèque depuis des années sans l'avoir jamais ouvert... On verra s'il me tente !


[Crédit photo : "NONZA, petit village corse", de cremona daniel, via flickr.com]

jeudi 3 octobre 2013

L'Armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen


Elsa, la grand-mère d'Anna, est atteinte d'un cancer foudroyant. Entourée de ses proches, elle compte bien profiter de chaque instant, de chaque plaisir, jusqu'au bout : les rayons du soleil, les bains de mer, ou le corps de Martti, son mari depuis plus de cinquante ans, contre le sien. Mais Anna découvre que derrière ce mariage heureux se cache un drame qui a marqué à jamais tous les membres de sa famille. C'est une vieille robe oubliée dans une armoire, trouvée par hasard, qui va réveiller le passé...
[Résumé Editeur, chez Le Livre de Poche, impr. 2013, isbn : 978.2.253.17556.8]
Presque deux mois. Deux mois pour lire ce livre. Je m'y suis accrochée de toutes mes forces. Une fois de plus, j'avais repéré cette histoire dès sa sortie en grand format... Un secret de famille, tout ce que j'aime ! Dès la dernière page de mon livre précédent tournée, je suis allée me l'offrir en poche, et en ai entreprit la lecture séance tenante.

J'ai énormément apprécié l'écriture de Riikka Pulkkinen. J'ai lu ces 422 pages, un crayon à la main, et mon exemplaire s'est rempli de petits post-its. Elle a le don du mot juste, de la phrase qui reste suspendue dans les airs et qui attrape un de nos propres souvenirs pour venir se lover à lui.
Elle a su créer une atmosphère. J'adore les romans scandinaves pour ça, je ne sais pas si c'est seulement parce que cette contrée me paraît délicieusement exotique et attirante que ses descriptions font ainsi toujours mouche pour moi.
Pour ce qui est des personnages, c'est plus complexe. Tout d'abord, il faut se faire aux différents noms et surnoms des protagonistes féminins : Ella, Elsa, Eeva. Pulkkinen fait des allers-retours entre les années 60 et 2010, il faut donc au début, savoir de qui on parle. Il n'y a pas que leurs noms qui se ressemblent, au final, toutes ces femmes sont très semblables dans leurs actions et sentiments. Bien sûr, cela sert aussi à l'intrigue : Anna va découvrir l'histoire de sa grand-mère Elsa, et celle-ci va faire écho à la sienne.

A lire les critiques, je m'attendais vraiment à un roman époustouflant, en cela sur le coup, j'ai été déçue. D'abord, il m'a fallut énormément de temps pour entrer dans l'histoire, pour avoir envie d'en apprendre plus. Quel était-il, ce drame que la quatrième de couverture me promettait ? Rien n'est venu, l'histoire est celle du plus banal des adultères et de ses conséquences. Si la forme d'écriture est belle, j'en ai trouvé le fond très plat. Ce n'est que maintenant, que je suis en train de repenser à ces détails, aux strates de ces personnages que je me rends compte de la justesse  des scènes que j'ai pu lire.

Voici quelques uns des passages pointés avec mon crayon :
"Les vivants ne savent rien de la mort, mais celle-ci, avec sa discrète avancée, fait irruption dans leur quotidien. Le temps se ralentit, la réalité est bornée par les murs du chagrin entre lesquels le mourant et ceux qui l'accompagnent accomplissent leurs rituels fervents." p. 21
"Les relations entre les gens sont comme des bois touffus. Ou bien les gens eux-mêmes sont des forêts, les sentiers s'ouvrent en eux l'un après l'autre, chemins se demeurant mutuellement inconnus, ne débouchant que par hasard sur les voies qui conduisent au bon endroit." p. 37
"Il aurait voulu dire à Anna : installe ta demeure dans les jours d'insouciance. Ils sont un rêve, mais tu n'as pas encore besoin de te réveiller. Dix ans, puis tu te réveilleras, cinq années de plus et tu lutteras contre l'éveil, une dizaine encore et tu te contenteras de ce que tu as. [...] Tu observeras le monde à la manière d'un tableau, le temps, l'expérience du temps, lui dessineront un cadre, et tu en jouiras d'une autre manière qu'auparavant." p. 47
"J'avais déjà oublié la confiance que les enfants reçoivent en partage parce qu'ils ne connaissent rien d'autre : la foi, reçue en naissant, que tout ira bien. A une période de sa vie, on la perd un instant, inévitablement. Si l'on a de la chance, elle revient. Viennent des gens pour vous prendre dans leurs bras sous la couverture, dans des chambres à coucher, pour vous tendre la main par-dessus des tables, et avec eux vous réapprenez ce qu'il vous avait fallu perdre en même temps que l'enfance." p. 109
"Quelqu'un a inventé qu'il n'y a pas de paix sans amour, et l'a chuchoté à l'oreille d'un autre à un coin de rue. La conscience de tous s'élargira, le ciel s'élargira au-dessus du chemin des idées, la terre ne tremblera pas, mais les cœurs battront plus vite." p. 325
Je garde donc de ce roman de Riikka Pulkkinen, une impression mitigée. J'étais heureuse d'en venir à bout hier soir !
Et maintenant, je change totalement d'univers. Fini le merle noir qui chante sur les branches nues des arbres au bord du lac, et bonjour soleil aveuglant, et chant des cigales qui tentent de dissimuler avec peine le bruit des balles tirées au silencieux dans le maquis corse. J'entame Têtes de Maures : Corse, 1931, de Didier Daeninckx.

Pour la petite histoire, c'est mon boucher qui m'a prêté ce livre ! Je vis dans une assez grande ville, mais dans un de ces petits quartiers qui ressemblent encore à un village et où l'on aime aller chez ses commerçants de proximité. Mon boucher est une attraction à lui tout seul, poète et jongleur de mots. Il a installé dans sa boucherie, une étagère, où l'on peut prendre et poser des livres. Têtes de Maures, il venait de le finir, mais il ne voulait le prêter qu'à quelqu'un "d'ici", en mesure de comprendre les Corses. On verra bien si mon sang sera à la hauteur !

[crédit photo : Le musée Gallen-Kallela (Espoo, Finlande), de dalbera, via flickr.com]

jeudi 8 août 2013

Le deuil et l'oubli de John Harvey


"Eté 1995, Cornouailles. Malgré le temps incertain, Heather et Kelly partent se baigner. L'obscurité tombe, le brouillard s'épaissit et les deux adolescentes ne reviennent pas. Après une nuit de recherches, Kelly est retrouvée prostrée. Heather, elle, est morte. La thèse de l'accident est retenue, mais le doute continue de planer.
Quatorze ans plus tard, la mère de Heather a refait sa vie et a eu une autre fille, Beatrice.Elle croit avoir tourné la page quand Beatrice disparait à son tour, Will Grayson et Helen Walker sont chargés de l'enquête.
[Résumé Editeur, chez Rivages/Noir, impr. 2013, isbn : 978.2.7436.2525.2]
En retard, je suis toujours en retard... J'ai zappé quelques critiques de livres... Tant pis, je ne crois pas pouvoir rattraper le temps perdu...!

Aujourd'hui, c'est pleine de bonne volonté que je viens vous parler de ce petit polar qui m'est tombé entre les mains. Je viens tout juste de le finir, tranquillement allongée sur un transat en bord de mer...

J'avais trouvé la quatrième de couverture plutôt alléchante... Elle promettait un bon thriller pour accompagner mes soirées d'été ! Je m'attendais à un léger historique concernant le décès d'Heather, puis de rentrer tout de suite ou presque dans l'affaire Beatrice, mais non, le roman n'est pas du tout construit de la sorte. 

Divisé en plusieurs parties, nous allons d'abord faire la connaissance de la mère d'Heather, Ruth, "aujourd'hui". Puis des inspecteurs Grayson et Walker, qui font leur petite vie. On se retrouve ensuite en 1995, avec une Ruth totalement différente, un autre mari, une autre fille... Et le cas Heather se concrétise, avec un autre flic à la tête de l'enquête, un autre paysage. Il y a quelques allers-retours entre ces deux époques, avant qu'ENFIN, en quatrième partie... Les morceaux ne s'assemblent.
J'ai donc trouvé ça un peu longuet au départ, puis finalement... Quand enfin, cette histoire que j'attendais  a démarré, j'ai été happé. Je trouve que l'attente en valait la peine, Harvey a eu le temps de poser ses personnages, ses ambiances. Il a apporté un soin particulier à la retranscription des sentiments, la perte d'un enfant, comment envisager la vie ensuite... Je pense que c'est d'ailleurs ce qui a fait qu'à la lecture, je m'étais persuadée que l'auteur était une femme !

Voici les premières lignes :
"Ruth pose sa tasse, traverse la pièce et ouvre un tiroir.Le sol de la cuisine lui paraît droid, malgré ses chaussons.Février. A sept heures ce matin, quand elle était sortie la première fois, il faisait encore nuit. L'enveloppe se trouve toujours au même endroit, enfouie sous les vieilles factures d'électricité, les messages griffonnés par la femme de ménage qui vient le mardi et le jeudi et qu'elle n'a pas encore jetés, les recettes déchirées au hasard des magazines ; une enveloppe blanc cassé, autocollante, un peu abîmée aux coins."
Ma première rencontre avec John Harvey ! Après, est-ce que je veux absolument transformer l'essai ? Ni oui ni non... Si l'occasion se présente, sans soucis, surtout qu'il y a d'autres enquêtes de Grayson et Walker. Je m'étais attachée à ses deux personnages !

Et maintenant, quel est le progamme ? J'ai fort fort hâte d'entamer le fameux Armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen !
Affaire à suivre, donc !


[Crédit Photo : La Lande en Cornouailles, de Marie "Hamadryades", via Flickr.com]

dimanche 14 juillet 2013

Les Lisières d'Olivier Adam


Me voici très en retard dans la rédaction de mes petits avis de lecture...
Je n'ai toujours pas parlé de la Septième Vague, et plus le temps passe, plus mes souvenirs s'en étiolent...
Mais tant pis, aujourd'hui, je reprends les bonnes habitude avec le dernier Adam.

Ouuuh, je l'ai guetté, celui-ci, à sa sortie... J'ai hésité, à l'acheter. Maintes et maintes fois, je l'ai pris en mains, j'ai tiqué à la lecture de la quatrième de couverture, je l'ai reposé... Je crois qu'il n'y a pas à dire... Je trouve un livre de poche mille fois plus attirant qu'un livre grand format. C'est comme ça, ça ne s'explique pas ! Lorsque je suis tombée sur Les Lisières en version poche... Ni une ni deux, il était dans mon panier !

Parlons peu mais parlons bien, le résumé :
"Tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence : sa femme l'a quitté, ses enfants lui manquent, son frère l'envoie s'occuper de ses parents, son père ouvrier s'apprête à voter FN et le tsunami ravage le Japon, son pays de coeur. De retour dans la banlieue de son enfance, il n'aura d'autre choix que se tourner vers son passé pour comprendre le mal-être qui le ronge. Comment devient-on un inconnu aux yeux de ses proches ? Comment trouver sa place dans un monde devenu étranger ?"
[Résumé Editeur, chez J'ai Lu, impr. 2013, isbn : 978.2.290.06848.9]
Il devient connu que je surkiffe Olivier Adam. Il est "mon genre"... Un style fluide, des idées torturées, une envie de parler de notre société... Il met le doigt là où ça fait mal : je ne dis pas que cela sert "à quelque chose", mais personnellement... Ca me fait plaisir de lire quelqu'un qui souvent partage ma vision du monde.
J'avais adoré A l'abri de rien (), encore plus Des Vents contraires () qui pour moi reste une petite claque littéraire...
Quant aux Lisières...
Et bien, je l'ai bien aimé aussi ! Je lui mettrais une étoile de moins, peut-être...

Pourquoi ? Les deux autres romans que j'évoquais plus haut, étaient de longueur moyenne dirons-nous. Avec les Lisières, Adam signe un pavé de 500 pages très dense, notamment au niveau du rythme. Il n'était pas rare qu'une bonne dizaine de pages s'écoulent sans aucune respiration dans le texte, mis à part des points ou des virgules. Pas un saut de ligne, pas un alinéa, mais des blocs de mots, carrés, taillés au couteau. Le lecteur doit suivre l'auteur et son narrateur sans s'arrêter, il faut lui coller aux basques à ce Steiner, l'accompagner sur le chemin de ses pensées et de ses coups de gueule.
Parce qu'il y a ça aussi... Paul Steiner n'est pas un personnage très sympathique. Il est malade, habité par la Dépression. Et lorsque nous mêmes, nous nous sentons bien, et que nous tombons sur quelqu'un comme ça... Je crois qu'il est humain d'avoir parfois envie de lui secouer les puces (même si cela ne sert à rien, j'en conviens...).

Après, ce livre m'a beaucoup touchée personnellement. L'univers qu'Adam décrit me parle, notamment ses descriptions des petites villes de banlieues parisiennes et certains ressentis. J'ai lu ce livre avec un crayon à la main, des marques-pages, des post-its.
En voici quelques extraits :
"Dans les sanitaires des routiers se rasaient face aux grands miroirs, des commerciaux rajustaient leur cravate, une grosse femme noire récurait les chiottes, un instant je me suis demandé ce qui les faisait tenir tous. Se payer un toit, nourrir leurs gamins, pas beaucoup plus, ai-je pensé. L'amour des leurs. Quelques menus plaisirs arrachés à la grisaille. Rien d'autre." p. 37
"J'ai regardé autour de moi et j'aurais voulu que ça me quitte enfin, cette manie de voir partout des gens usés, quand ils ne l'étaient peut-être pas. Pas autant que je le pensais en tous cas. J'aurais voulu être capable de voir les choses autrement, de ne pas imaginer de failles même derrière les plus belles carapaces." p.40
"Je ne lui ai pas dit qu'au fond ce qu'il appelait <<chez lui>> n'était pas <<ici>> mais <<avant>>, dans sa jeunesse et que c'était bien le problème des vieux, qui rêvaient que leur pays redevienne celui qu'il était quand ils avaient vingt ans, comme si ça pouvait les leur rendre." p.136
"En dépit de tout ce que je pouvais en dire ou écrire, je n'étais plus d'ici. Et puisqu'il semblait acquis que je ne serais jamais non plus d'ailleurs, j'étais désormais condamné à errer au milieu de nulle part." p. 168
Un livre qui restera quelque part dans ma tête.

J'ai aussi Falaises d'Adam qui traîne quelque part... Il faudrait que je m'y remette... Mais pour l'heure, je suis sur un petit thriller dont je vous reparlerais tantôt !


Bonne lecture à tous !

[crédit photo : Benches, de Dynamosquito, via Flickr.com]